L’apologie de la gymnastique
Le corps dans toute l’antiquité philosophique est non seulement distincte de l’âme, mais en plus diabolisé, dénigré. Il ne représente pour l’homme qu’une source de souffrances par les passions auxquelles elle l’invite. Seule la philosophie pense-t-on alors, peut permettre à l’âme de se sauver de l’enfer du corps (Socrate). Cependant, force est de constater qu’autant Platon qu’Aristote, ils accordent chacun à sa manière, une place importante à la gymnastique. L’un pour avoir un beau corps, l’autre pour la formation du citoyen.
Construire la citoyenneté par le sport
C’est dans Le Banquet que Platon s’appesantit sur la valeur et la nécessité de la gymnastique. Contrairement au Phédon dans lequel il procède à une critique du corps à travers son maître à penser Socrate, celui-ci revient finalement pour dire que la contemplation du Beau en soi n’est possible qu’en suivant un processus qui commence par l’amour d’un beau corps, de 2 beaux corps ensuite, et après l’amour de tous les beaux corps et l’amour des belles occupations, etc. Dans la République, Platon fonde donc la nécessité de la gymnastique. Non seulement elle aide à resserrer les muscles de la paroi abdominale, mais elle est aussi nécessaire à la suite de la musique et de la poésie pour la formation de nobles citoyens. La lutte et la danse constituent les deux aspects de la gymnastique chez lui.
Faire du sport pour accéder à la vertu
Aristote aussi dans La Politique, poursuivant sa quête de l’Etat idéal, y réfléchit lui aussi sur la citoyenneté vertueuse. Pour lui, la pratique régulière, modérée et précoce de la gymnastique est nécessaire non seulement pour octroyer la force, la vigueur et la santé aux futurs citoyens, mais surtout la vertu de l’âme. S’il conseille dans ce cas la gymnastique qui se situe logiquement après les Lettres, la musique et la poésie, il met en garde cependant contre toute pratique excessive du sport. « En donnant trop d’importance à cette partie toute secondaire de l’éducation, vous ne faites de vos enfants que de véritables manœuvres (…) inférieurs à bien d’autres… » Voilà donc qui est dit plutôt clairement.